nella foto Jia Zhang-Ke

Visions du Réel aura le plaisir d’accueillir le très rare cinéaste chinois Jia Zhang-Ke en tant qu’Invité d’honneur de sa 55e édition (12 – 21 avril 2024). Figure incontournable du cinéma indépendant chinois et du cinéma contemporain plus largement, Jia Zhang-Ke donnera une masterclass qui explorera son œuvre, protéiforme et passionnante, interrogeant l’histoire de son pays et sondant les âmes qui l’habitent.

Une rétrospective de ses films sera proposée durant toute l’édition. Cet hommage est rendu possible grâce à la précieuse collaboration de la Cinémathèque suisse et de l’ ECAL - École Cantonale d'Art de Lausanne. 

«Je n’ai pas quitté la Chine durant près de quatre ans, depuis l’apparition du Covid-19. La 55e édition de Visions du Réel sera ainsi mon premier voyage en Europe après ces quatre années. J’ai l’impression d’embrasser le monde à nouveau, aussi excité qu’un enfant s’apprêtant à faire un long voyage pour la première fois. Je me rends à Nyon, pour un cinéma qui révèle le monde tel qu’il est». Jia Zhang-Ke

Né en 1970 dans la région minière du Shanxi bordée par la muraille de Chine, Jia Zhang-Ke est une figure de proue du cinéma contemporain. Il appartient à une génération de cinéastes chinois profondément marquée par les manifestations de Tian’anmen. Sa filmographie éclectique, constituée de plus de vingt œuvres, emprunte au cinéma de genre comme au cinéma du réel. Du polar au documentaire, en passant par une myriade de formes hybrides tissées par des acteur·ice·s non professionnel·le·s, de la fiction sur toile réelle, ou du fantastique court-circuitant l’extrême sobriété narrative, Jia Zhang-Ke compose depuis deux décennies une filmographie aussi cohérente que mouvante, qui se réinvente sans cesse.

Diplômé en 1997 de l’Académie du film de Pékin, Jia Zhang-Ke retourne à Fenyang, sa ville natale située dans la province du Shanxi, pour y réaliser son premier long métrage, Pickpocket (1997). Conçu avec peu de moyens et sans autorisation, ce film portant un regard désenchanté – et empreint d’une certaine qualité documentaire, comme de nombreux autres de ses titres – sur la société chinoise est interdit de diffusion sur le territoire. Il en sera de même pour ses trois créations suivantes : Platform (2000), The Condition of Dogs (2001) et Unknown Pleasures (2002). Ce dernier concourt toutefois en compétition officielle à Cannes. Son mélodrame The World (2004) est le premier de ses films à sortir dans les salles chinoises et met en scène sa femme, l’actrice Zhao Tao, figurant à l’affiche de tous ses films de fiction depuis 2000. Elle remporte d’ailleurs plusieurs prix d’interprétation pour Moutains May Depart (2015) et Ash Is Purest White (2018).

Dès 2006, le cinéaste étend son travail plus résolument vers le cinéma du réel avec Dong réalisé à travers le prisme du peintre Liu Xiaodong, puis Useless (2007) qui explore l’industrie textile en Chine, et 24 City (2008) qui s’intéresse à la disparition des cités ouvrières et la modernisation du pays. Il retrace ensuite l’histoire de Shanghai dans I Wish I Knew (2010) et donne la parole à trois écrivains chinois sur l’évolution de leur pays pour Swimming Out Till the Sea Turns Blue (2020).

Son œuvre, régulièrement ponctuée de consécrations, compte notamment à son palmarès le Lion d’or de Venise ainsi que le prix du meilleur réalisateur des Asian Film Awards pour Still Life (2006) et le prix du meilleur scénario du Festival de Cannes pour A Touch of Sin (2013). L’ensemble de sa carrière a par ailleurs été saluée par de grands festivals à l’instar de Locarno qui lui décerne son Léopard d’honneur en 2010 et de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes qui lui offre le Carrosse d’or en 2015.

Parallèlement à sa pratique de réalisateur, Jia Zhang-Ke contribue également à la production cinématographique chinoise. Mr. Tree (2011), Dead Pigs (2018), The Best Is Yet to Come (2020), The Calming (2020) et White Building (2021) figurent parmi les nombreux titres qu’il a (co)produit. En 2017, il fonde avec l’historien du cinéma et directeur de festival de légende Marco Müller le Pingyao Crouching Tiger Film Festival (PYIFF) qui se consacre à la promotion des jeunes cinéastes chinois·es.